Bien que j’aie eu l’occasion de peindre des époux séparément, je n’ai pas encore eu la chance de peindre le portrait d’un couple. En regardant quelques doubles portraits de vieux maîtres j’étais un peu étonné de constater qu’il y en avait bien moins que je ne m’imaginais.
Ci-dessus, un autoportrait de Rubens avec sa première femme, Isabella Brant. La pose est classique, avec le mari à la droite de sa femme. Ils se tiennent par la main droite ce qui symbolise leur mariage, et se trouvent assis sous un chèvrefeuille ce qui représente l’amour. C’est touchant. Ceci dit, j’étais légèrement troublé par les bas du peintre dont la couleur jure violemment avec le reste du tableau. Peut-être s’agit-il d’une prédilection de Rubens pour des chaussettes de couleur forte et non pas une décision volontaire de sa part d’ajouter une note vigoureuse à l’image.
Ce portrait de mariage par Hals est tout aussi garni de symboles matrimoniaux (le lierre et le jardin). La pose est classique avec la femme assise à la gauche de son mari, comme le tableau de Rubens ci-dessus. Cependant on y trouve quelques ingrédients originaux. Tout d’abord on sent une bonne compréhension mutuelle et une tolérance amusée des deux côtés – le mari s’assoit avec un petit œil ironique, mais garde sa main sur son cœur. Son épouse occupe une place centrale et, souriante, place son bras un peu possessif mais surtout badin, sur l’épaule de son mari. La passion dans ce mariage semble être une chose du passé, mais il règne une intimité confiante.
A gauche, un portrait de Lavoisier et de sa femme, Marie-Anne Pierrette Paulze par David. Bien que le style du tableau soit classique (ou plutôt néo-classique) la pose ne l’est point. David place l’épouse debout derrière son mari avec son bras sur son épaule. Lavoisier reste assis et la regarde par-dessus son épaule la mettant ainsi bien en valeur. Ce personnage, très féminin et central, domine la scène. Lavoisier semble accepter quelques petites corrections à ses notes suggérées assez fermement par sa femme.
(A droite) Encore une fois la pose est classique avec Madame Dundas assise à la gauche de son mari. Cette fois cependant, Raeburn nous présente une situation conflictuelle. Les époux jouent aux échecs et, d’un air attristé, le général constate que sa femme, triomphante, lui prend sa reine. Comme Lavoisier, Dundas semble avoir épousé une femme intelligente.
A l’origine, ce portrait était censé être de Mme I N Stokes uniquement, mais Sargent s’est ravisé quand il a vu Mme Stokes arriver à son atelier revigorée après une petite promenade, vêtue d‘une veste bleue foncée et d’une longue jupe blanche, son canotier à la main. Il a positionné le mari en arrière-plan remplaçant ainsi un dogue allemand sur la tête duquel Mme Stokes devait placer sa main.
Un an ou deux après la réalisation du portrait des Stokes par Sargent, Cecilia Beaux a peint le double portrait des parents de Monsieur I N Stokes. On y trouve un petit clin œil à l’œuvre de Sargent, surtout dans la composition. Certes, ce portrait est moins vivace et dynamique que celui de Sargent, mais la douceur et les bonnes manières règnent.
Je remarque que dans presque tous les portraits que j’ai choisis, l’épouse est placée à gauche de son mari et se trouve en premier plan. Cette pose me semble correcte et surtout, naturelle, mais là, il s’agit tout simplement de mes sentiments. J’imagine aussi que ma femme serait tout à fait prête à accepter une place centrale.