Les bons artistes copient; les grands artistes volent. (Pablo Picasso)
L’aphorisme ci-dessus est un peu facile (et d’une provenance qui reste à vérifier), mais il montre une vérité gênante et agaçante pour de nombreux artistes qui se veulent originaux: presque tout œuvre d’art est dans une certaine mesure issue d’une autre. Mais les artistes, doivent-ils absolument faire preuve d’originalité ou leur est-il plus efficace de voler des idées et des méthodes aux anciens et de les adapter?
Voici quelques œuvres de vieux maîtres et d’autres de maîtres encore plus vieux qui en étaient la source et l’inspiration. Parfois, l’influence n’est qu’une idée volée ou un clin d’œil au passé; de temps à autre, l’artiste rend hommage à son prédécesseur.
Il y a quelques semaines j’ai mentionné le portrait ci-dessus. C’est un exemple d’une grande artiste, Cecilia Beaux, qui fait un petit clin d’œil à son contemporain, en l’occurrence, Sargent.
Voici Sargent rendant hommage aux Ménines de Velázquez avec Les Filles d’Edward Darley Boit.
Manet, comme Sargent était un admirateur de Velázquez. L’idée du fond uni dans son Joueur de Fifre est sans doute emprunté aux portraits en pied de Velázquez comme celui de Pablo da Valladolid.
Mais voici Velázquez lui-même s’accaparant une idée pour sa composition de La Forge de Vulcain d’une gravure d’Antonio Tempesta.
Les exemples de ces influences et de ces emprunts sont légion; le monde de l’art est une généalogie de pillage. Un artiste se doit de faire usage de ses expériences et des images qui l’entourent. Ses méthodes et ses techniques proviendront certes des résultats de ses propres expériences, mais surtout des enseignements de ses maîtres et de ce qu’il aura glané d’autres peintres. A mon sens, un artiste travaille de son mieux et d’une façon émouvante quand il évite d’être original à tout prix et qu’il tâche tout simplement de montrer une vérité (par exemple le caractère de son modèle dans un portrait ou la beauté d’un paysage) en utilisant, s’il le faut, les méthodes et les idées des autres. De voler dans ce sens est donc louable, car cela facilite le cheminement à la représentation de ces vérités et en conséquence à la production de chefs d’œuvres.