Il y a un an ou deux, je suis allé au musée Zorn à Mora en Suède avec un autre artiste qui m’a fait remarquer que dans le tableau ci-dessus, le même modèle apparait à plusieurs reprises. Après coup, je me suis promis de regarder plus attentivement les peintures de genre pour voir combien de fois un artiste se sert d’un modèle pour dépeindre plusieurs individus. Il peut être efficace pour un artiste de se servir d’un modèle à plusieurs reprises car il évite ainsi la corvée d’en trouver des nouveaux pour peindre les autres personnages de son tableau. Ci-dessous j’ai indiqué le modèle dans ses diverses poses dans le tableau de Zorn.
L’artiste russe, Abram Arkhipov, était fortement influencé par Zorn. Dans cette version de son tableau, Les Lavandières, deux modèles apparaissent plusieurs fois comme dans la peinture de Zorn.
Dans la photo ci-dessous je montre ses deux modèles dans leurs diverses poses. Arkhipov prend soin de les peindre de dos afin de rendre moins évident le fait qu’elles aient posé plusieurs fois et en positions différentes.
Emily Shanks était une artiste russe d’origine britannique. Pour cette peinture chargée d’émotion, elle n’a choisi que deux jeunes filles comme modèles, mais on ne voit leur visage qu’une seule fois chacune.
Ci-dessus est l’une des œuvres les plus connues d’Ilya Répine. J’ai le sentiment qu’il s’est servi du même modèle pour dépeindre les trois Cosaques au premier plan (voir ci-dessus).
Pour l’artiste qui cherche à éviter de recruter plusieurs modèles, il lui faut faire poser ceux qu’il emploie avec soin afin que leur multiple présence dans le tableau passe inaperçue. Cagnacci dans sa Mort de Cléopâtre manque de finesse, à mon sens. J’ai un peu le sentiment que même si une Cléopâtre est morte, il nous en reste bien six autres qui peuvent aisément prendre sa place.